Un humain parmi tant d'autres

Pochette de l’album éponyme du groupe Harmonium sur lequel on retrouve la chanson « Un musicien parmi tant d’autres »

Un hymne national international

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Aujourd’hui, 15 juillet 2025, le Québec rend un hommage national à Serge Fiori, grand artiste et indépendantiste, décédé le 24 juin dernier, jour de la Fête nationale du Québec.

Le symbole est fort : partir le jour de la Saint-Jean, c’est un peu rejoindre l’éternité au son des refrains qu’on a semés.

Ce matin, dans un reportage diffusé à RDI, on faisait entendre un jeune Serge Fiori confiant, en entrevue, que sa chanson « Un musicien parmi tant d’autres » était devenue, dès sa sortie, un véritable hymne national.

Une chanson sur le temps qui passe, sur le destin d’un musicien lucide, qui sait que son heure viendra, lui aussi. Une chanson qu’il qualifiait lui-même d’extrêmement triste.

Peut-être était-ce vrai à l’époque, cette idée d’hymne national. Mais avec le recul, avec le temps qui passe, cette affirmation me semble à la fois dépassée et plus grande encore.

Moi qui ai grandi avec la musique d’Harmonium, je peux affirmer que j’écoute encore régulièrement cette chanson, qui figure parmi mes préférées — non seulement du groupe, mais de toute ma vie musicale.

Or, à force d’échanger au fil des années avec des personnes immigrantes, arrivées ici au Québec, j’ai compris que cette chanson résonne bien au-delà de nos frontières linguistiques et culturelles.

La célèbre finale — « On a mis quelqu’un au monde, il faudrait peut-être l’écouter » — touche un point sensible chez ceux et celles qui, venus d’ailleurs, peinent à se faire entendre, à partager ce qu’ils portent et ce qu’ils peuvent offrir à leur terre d’accueil.

Cette phrase est devenue, pour eux aussi, un mantra silencieux, un appel à la reconnaissance.

Ainsi, ce que Serge Fiori croyait peut-être naïvement être un hymne québécois s’est, au fil du temps, transformé en hymne universel.

Aujourd’hui, j’y pense aussi pour d’autres peuples, ailleurs. Pour ceux dont la voix s’éteint dans l’indifférence, pour ceux qu’on refuse d’entendre. Le peuple palestinien, par exemple : « On a mis ce peuple au monde… il faudrait peut-être l’entendre. »

En ce jour d’hommage, mon cœur est en berne, tout comme le drapeau du Québec. Serge Fiori s’est éteint, mais sa musique, elle, continue de rassembler.


Voici le texte de cette chanson. Je vous encourage à l’écouter sur la plateforme de votre choix.

La mélodie, interprétée à la guitare à douze cordes, est tout simplement remarquable, sinon exceptionnelle.

Le mantra final est presque hypnotisant.

[Paroles de « Un musicien parmi tant d’autres »]

[Couplet 1]
Une main sur une épaule
Chacun a bien joué son rôle
Le rideau monte et descend
Le musicien se serre les dents
Il est si bien pour une fois

[Couplet 2]
À la porte d’un café
Son nom vient de s’effacer
On a trouvé quelqu’un de mieux
Le musicien se faisait vieux
Comme un enfant, il était une fois
Comme le rideau sur une corde
Le musicien monte et descend

[Couplet 3]
Une nuit pour oublier
Y’a des problèmes qu’on veut soûler
Une bouteille monte et descend
Le musicien se serre les dents
Il est si loin, une autre fois

[Couplet 4]
À la porte d’un café
Les noms ne font que changer
Il a enfin compris pourquoi
Le sien ne sera plus là
Comme un enfant, on ne vit qu’une fois
Comme le fond d’une bouteille
Le musicien a fait son temps

Où est allé tout ce monde
Qui avait quelque chose à raconter
On a mis quelqu’un au monde
On devrait peut-être l’écouter

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